Les Brics font front commun face aux menaces douanières américaines et s’inquiètent pour le commerce mondial
- Adan Guemra
- 7 juil.
- 3 min de lecture
Le groupe des Brics affiche son unité face à la politique protectionniste des États-Unis et exprime ses vives inquiétudes pour l’avenir du commerce international.
Réunis dimanche à Rio de Janeiro, les dirigeants des Brics – emmenés par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud – ont dénoncé la guerre commerciale menée par l’administration Trump, laquelle menace désormais d’imposer de nouveaux droits de douane aux onze grandes puissances émergentes qui composent le bloc, ainsi qu’à tout pays qui choisirait de les soutenir.
« Nous exprimons de sérieuses préoccupations face à l’escalade de mesures douanières et non douanières unilatérales qui faussent les échanges », ont déclaré les chefs d’État dans un communiqué commun. Selon eux, ces pratiques mettent en péril les perspectives de croissance mondiale. Les Brics représentent près de la moitié de la population mondiale et environ 40 % du PIB planétaire.
Sans jamais citer directement les États-Unis ou Donald Trump, les dirigeants soulignent néanmoins que plusieurs membres du groupe, à commencer par la Chine, négocient toujours avec Washington pour tenter d’apaiser les tensions commerciales.
De son côté, le président américain a réagi sur la plateforme Truth Social en brandissant la menace de surtaxes : « Tout pays qui s’alignera sur les politiques anti-américaines des Brics se verra imposer un droit de douane supplémentaire de 10 %. Il n’y aura aucune exception. » Il a ajouté que les premières notifications de ces sanctions commerciales seraient envoyées lundi à 16h GMT. Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a confirmé que faute d’accord rapide, des taxes pouvant grimper jusqu’à 50 % entreraient en vigueur dès le 1er août.
Un sommet sous tension
À l’ouverture du sommet, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a déploré « un effondrement sans précédent du multilatéralisme ». Ce sommet annuel est en outre marqué par plusieurs absences notables. Pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en 2012, Xi Jinping n’a pas fait le déplacement, alors que la Chine reste la puissance dominante du groupe. Quant à Vladimir Poutine, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crime de guerre présumé en Ukraine, il est intervenu par visioconférence pour saluer « l’autorité et l’influence » croissantes des Brics.
Autre fait marquant : la délégation saoudienne, représentant un pays pourtant nouvellement membre du groupe et allié des États-Unis, a boudé les séances plénières sans explication officielle, selon une source gouvernementale brésilienne.
Tensions au Moyen-Orient
Le contexte géopolitique a également pesé sur les discussions. L’Iran, intégré aux Brics depuis 2023, est fragilisé après une guerre éclair de douze jours avec Israël et les États-Unis. Dans leur déclaration, les Brics ont condamné « les attaques militaires » contre l’Iran en juin, jugeant qu’elles constituaient une « violation du droit international », sans toutefois mentionner explicitement Washington ou Tel-Aviv.
Les pays membres appellent par ailleurs à « un cessez-le-feu immédiat » et au « retrait complet » des troupes israéliennes de la bande de Gaza, où le conflit contre le Hamas dure depuis maintenant 21 mois.
Vers une régulation de l’intelligence artificielle
Créé pour rééquilibrer l’ordre mondial au profit du « Sud global » face aux puissances occidentales, le groupe s’est élargi depuis 2023 avec l’arrivée de l’Arabie saoudite, de l’Égypte, des Émirats arabes unis, de l’Éthiopie, de l’Iran et plus récemment de l’Indonésie. Cet élargissement rend toutefois plus complexe l’adoption de positions communes.
Les Brics se sont cependant accordés sur la nécessité de réguler le développement de l’intelligence artificielle. Dans un texte séparé, ils ont appelé à garantir la protection des droits de propriété intellectuelle et à instaurer des mécanismes de rémunération équitables. « Le développement de l’intelligence artificielle ne peut être l’apanage de quelques pays ni un outil de manipulation aux mains de milliardaires », a martelé Lula.



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